FICHE DE REVISION:
CROISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE





Pour de multiples raisons (en particulier sociales et environnementales), le PIB ne doit pas être considéré comme un indicateur de bien-être de la population. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui essayent de montrer que l’accroissement des richesses (la croissance) ne doit pas être une fin en soi, et que la poursuite indéfinie de ce processus n’est non seulement peut-être pas possible, mais au-delà, peut-être pas souhaitable. Ces réflexions se sont traduites progressivement au travers du concept de développement durable. Comment se concept est-il né ? Que revêt-il ? Comment se concrétise-t-il ? Quels sont ses enjeux ?

La naissance d’une notion…
-    Même si l’idée était sous-jacente bien auparavant, c’est en 1971 qu’on voit apparaître l’idée que le développement économique n’est pas compatible avec la protection de la planète à long terme. Face à la surexploitation des ressources naturelles liée à la croissance économique et démographique, le Club de Rome prône la croissance zéro dans son rapport « Halte à la croissance ».
-    En 1972, la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain, à Stockholm, est à l’origine du premier concept de développement durable, baptisé à l’époque écodéveloppement. On y montre la nécessité d’intégrer l’équité sociale et la prudence écologique dans les modèles de développement économique. Il en découlera la création du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) ainsi que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
-    Le concept d'écodéveloppement est rapidement écarté du vocabulaire, mais l'idée d'un développement qui ne soit pas uniquement guidé par des considérations économiques mais également par des exigences sociales et écologiques va poursuivre son chemin, notamment grâce à l’action des associations de protection de l’environnement. D’ailleurs, c’est dans les années 80 que l’on « découvre » l'existence de pollutions dépassant les frontières, et de dérèglements globaux, tels que le " trou " dans la couche d'ozone, les pluies acides, la désertification, l'effet de serre, la déforestation….
-    En 1987, la publication du rapport Brundtland, Notre Avenir à tous, consacre le terme de « Sustainable Development », successivement traduit en français par « développement soutenable » puis « développement durable ». Il se définit comme : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».

Les enjeux du développement durable
Avec la notion de développement durable, il s’agit de répondre à plusieurs questions fondamentales : Comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète ? Comment répartir les richesses entre les pays riches et ceux moins développés ? Comment faire en sorte de léguer une terre en bonne santé à nos enfants ?
Pour y parvenir, il faut donc essayer de réconcilier trois mondes apparemment éloignés: l’économie, l’écologie et le social. À long terme, il n’y aura pas de développement possible si celui-ci n’est pas économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.

Une mise en œuvre difficile….
● Les acquis du sommet de Rio
Le développement durable sera consacré lors de la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CNUED), ou « sommet de la Terre » en 1992 à Rio: la plupart des Etats s’y engagent à élaborer une stratégie nationale de développement durable. Les grandes lignes en sont définies dans l'Agenda 21 (programme d'action pour le 21ème siècle), dont les recommandations vont des nouvelles méthodes d'éducation, aux nouvelles façons de préserver les ressources naturelles et aux nouveaux moyens de participer à une économie durable.
La CNUED a aussi été à l’origine de plusieurs accords, parmi lesquels on peut citer :
-    La Déclaration de Rio : Un ensemble de 27 principes universellement applicables pour aider à orienter l'action internationale sur la base de la responsabilité environnementale et économique.
- La Convention-cadre sur les changements climatiques : c’est un accord juridique contraignant, ayant pour objet la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui préviendrait la dangereuse interférence anthropique avec le système climatique. Les pays de l'OCDE se sont engagés à stabiliser en 2000 leurs émissions de gaz à effet de serre au même niveau qu'en 1990. En 1997, le protocole de Kyoto fixe des objectifs de réduction pour les pays industrialisés au-delà de l’an 2000 : 5,2% sur la période 2008-2012 par rapport à 1990 pour les pays industrialisés, 8% pour l'Union européenne, 0% pour la France. L’application du Protocole de Kyoto se heurte à des difficultés croissantes, notamment sur la mise en œuvre pratique des mécanismes de flexibilité (permis à polluer, développement propre).
-    La Convention sur la diversité biologique est un accord contraignant qui fixe trois objectifs: la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments et le partage équitable des avantages découlant de l'exploitation de ses ressources génétiques.
-    La Déclaration sur les principes sur la gestion des forêts : un ensemble de 15 principes juridiquement non-contraignants gouvernant la décision politique pour la protection et une utilisation et un usage plus durables des ressources forestières globales. Ces principes sont très importants dans la mesure où ils représentent le premier grand consensus international sur une utilisation et une protection meilleures de tous les types de forêts.

● L’après Rio…
Après la CNUED, diverses conférences internationales ont approfondis et développés l’Agenda 21 de Rio. On peut citer :
-    la Conférence Internationale sur la Population et le Développement du Caire (1994) qui affirme que le développement doit se baser sur les besoins des individus et non plus sur l’atteinte d’objectifs démographiques ;
-    le Sommet mondial pour le Développement Social de Copenhague (1995) où des Etats se sont engagés « à faire de la lutte contre la pauvreté, de la réalisation du plein emploi et de l’instauration d’une société où régneront la stabilité, la sécurité et la justice, leur objectif suprême ».
-    la Conférence mondiale sur les femmes de Beijing (1995) ;
-    la Conférence sur les établissements humains à Istanbul (Habitat II, ou Sommet des Villes, 1996) où le droit au logement est reconnu comme partie intégrante des droits de l’homme, ainsi que l’absolue nécessité d’un accès de tous aux systèmes nécessaires à une vie saine (eau potable, assainissement, évacuation des déchets, éducation, transports et autres infrastructures urbaines) ;
-    le Sommet Mondial de l’alimentation de Rome (1996), qui réaffirme le droit de chaque être humain à une nourriture adéquate et à être à l’abri de la faim ;
-    1997 : « Rio +5 » Réunion de l’Assemblée Générale des Nations-Unies à New-York pour tirer un bilan du Sommet de la Terre et de l’avancement de l’application des préconisations de l’Agenda 21 de Rio. Constat d’échec : la déclaration politique adoptée par les représentants des 170 pays présents reconnaît que l’environnement de la planète s’est considérablement dégradé en 5 ans, qu’aucun accord n’a été trouvé pour répondre à ce problème, et se contente de réaffirmer les principes adoptés à Rio en 1992.
-    Le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg (2002) dont le but était d’examiner après 10 ans les progrès des pays concernant Action 21 et de revigorer l’engagement de la communauté internationale envers le développement durable.

Si, depuis le Sommet de la Terre, quelques avancées ont été obtenues pour la composante environnementale du développement durable, on n’a finalement assez peu progressé en ce qui concerne les composantes économique et sociale.